1930
Comme les gens se perdent ! Le langage que mon sang comprend - c'est celui-ci. La nourriture que mon estomac désire - c'est celle-ci. Le sol que mes pieds savent fouler - c'est celui-ci. Et pourtant, je ne suis plus d'ici. Je ressemble à un de ces arbres qu'on transplante, qui ont mauvaise santé dans le nouveau pays, mais qui meurent s'ils retournent à leur terre natale.
Journal I Bucolique
La vie est faite de riens :
De grandes montagnes arrêtées
En attente du mouvement ;
De champs de blé ondulés
Par le vent ;
De maisons d'habitation
Tombées et avec des signes
De nids qui jadis existaient
Dans les avant-toits ;
De poussière
D'ombre d'un figuier ;
De voir cette merveille :
Mon Père élever une vigne
Comme une mère qui tresse les cheveux de sa fille.
Ce Trás-os-Montes de mon âme ! On traverse le Marão, et on entre immédiatement au paradis ! (…)
Journal IJe reviens demain. Une semaine. C'est peu. J'avais besoin de bien plus. Mais même ainsi, j'ai déjà de la terre sous les ongles qui suffirait pour tout le Central. J'ai besoin de cela. Je dois venir greffer de temps en temps la faiblesse dans cette vigne. (…)
Journal ILa journée a été les camélias et les plantes grimpantes que j'ai plantés avec mon Père. Peu de fois, en ces trente ans, je me suis senti si uni, si certain, qu'à côté de ces soixante-dix à planter des fleurs. Parce que mon Père, si mince et si penché sur la terre, remplit de paix et de confiance l'inquiétude la plus égarée.
Journal IJe suis allé au Village pour la rencontrer dans le Jardin de la Carreira. Le buste de Camilo, effrayé, m'a regardé tragiquement de la tête aux pieds. Je l'ai calmé : - Non, nous n'avons pas Ana Plácido, camarade !
Journal I1940
Me voici. Je suis venu montrer la femme aux vieux, à la Senhora da Azinheira et au negrilho. Ils ont tous aimé.
Journal ILa journée a été à Guiães, à chasser et à vendanger le matin, et à lire l'après-midi des vers dans un cimetière qu'il faut voir pour le croire. Si un jour cela vient à point, j'écrirai une page sur ces nécropoles transmontanes, de granit, nichées au sommet d'une montagne, avec l'air de quelqu'un qui se lave les mains de cette vie et de cette mort.
Journal IJe suis allé lui montrer le Village. Mais je suis allé le lui montrer comme mes grands-parents l'ont montré à leurs femmes - à pied. Ce n'étaient que six lieues…
Journal I Jour Saint
Jour de Soleil et de Noël ;
Des guerres vont dans le monde et ma vue me fait mal ;
Mais, avec Dieu dans le Marão sans neige, il n'y a pas de mal
Qui résiste.
De plus, hors du temps, ce latin
Que le père Bento connaît, suffit
Pour me transcender
Et autant de mauvaises nouvelles que le courrier traîne.
1950
Le manoir familial, de plain-pied, avec tuile-vã, surmonté de ses armoiries écartelées, avec des houes dans tous les champs… C'est de cette réalité que je suis parti, et c'est à cette réalité que je reviens toujours, peu importe les détours que je prends dans les chemins de la vie. C'est une certitude de repère avec des témoins, qui ne me laisse jamais désorienté quand je veux raviver les extrémités de l'âme. Il suffit de creuser un peu la croûte de l'apparence, et me voilà dans la matrice, confronté. (…)
Journal VIIIJe suis venu chercher le vieux, mais je reviens sans lui. Je n'ai pas le courage de l'arracher du lit et de l'emmener là-bas, comme je n'ai pas eu le courage de soulever la fille du berceau et de l'amener là-haut. (…) Et me voici, crucifié entre le découragement et l'espoir, avec le passé et l'avenir dans chaque main, sans pouvoir les lier.
Journal VIIIPrésentation de la petite-fille au grand-père. Le meilleur viatique que je pouvais apporter au vieux pour le voyage de l'au-delà, qu'il est sur le point de faire. Je lui ai mis dans les bras secs la pousse de vie tendre, et la paix que ma propre existence ne lui a jamais donnée l'a nimbe comme une splendeur. (…) Le marathon de la vie avait maintenant trois relais : un fatigué, qui avait complètement perdu la course ; un autre se fatiguant, qui allait certainement la perdre aussi ; et un autre encore, entièrement frais, qui pourrait très bien arriver à la fin victorieux.
Journal VIIIMe voici enracinant la fille, l'immergeant dans la terre comme mon Père le faisait avec les pousses tendres d'un rhododendron de prix. Je veux d'elle aussi l'extension de la vitalité rouge de quelques chromosomes honorés et obstinés.
Journal VIII1960
La maison native actualisée, avec toutes les ombres du passé peintes en blanc. La nature humaine est ainsi. La plus affectueuse et fidèle finit toujours par blanchir les murs fuligineux de la mémoire. Elle n'oublie pas les morts ; elle arrête, simplement, de s'en souvenir.
Journal IXJe tourne trois cent soixante degrés sur l'axe. Et il me reste dans les yeux l'image de ce que je suis : l'incarnation humaine de ces montagnes immuables, sèches et désespérées, qui attendent les tempêtes d'hiver et le soleil de printemps avec le même stoïcisme inébranlable.
Journal IX Braise
Je réchauffe les rêves au coin du feu,
Sans remarquer les cendres de la braise.
Ou je les regarde distraitement,
Dans l'inconscience terne
Qu'elles sont la véronique de la mort.
Assis dans la chaise habituelle,
Diligence irréelle
Qui traverse, lente, la nuit froide,
Aliéné de moi-même,
Je donne une chaleur concrète à la fantaisie
Comme si le feu était imaginé.
Les hallucinations qui peuvent advenir d'une décompression psychologique brutale ! Après quelques jours d'isolement total ici, ce matin, au Village, j'ai eu la sensation d'être à Paris.
Journal IXAvec tant de jugements sur la peau - et frais, presque tous ! -, j'arrive à la fin de la vie dans l'ignorance complète du seul qui m'intéressait vraiment de connaître : celui de ces gens. Que penseront-ils du vaurien qui traverse la place du village deux ou trois fois par an avec un fusil sur l'épaule, et disparaît mystérieusement dans les montagnes, toujours avec le même pantalon de bombazine, le même béret basque, et le même visage creux ? Sauront-ils que, obligé par la force du destin d'émigrer vers d'autres mondes, j'ai laissé ici mon âme, que je viens de temps en temps incarner ? (…)
Journal IX Instruction primaire
Ne sache pas : imagine…
Laisse parler le maître, et rêvasse…
La vieillesse est ce qui sait, et ne sait que
Que la mer ne rentre pas
Dans la flaque que l'innocence ouvre dans le sable.
Rêve !
Invente un alphabet
D'illusions…
Un a-b-c secret
Que tu épelles en marge des leçons…
Vole par la fenêtre
À la rencontre de n'importe quel soleil qui te sourit !
Des ailes ? Elles ne sont pas nécessaires :
Tu vas dans les bras des brises,
Aides de la fantaisie…
Nous voici, Zé Ferreiro et moi, à l'enclume. Lui à marteler le fer, et moi les mots. Mais dans ma forge il y a plus de coups de marteau et moins d'étincelles…
Journal X(…) Tout ce que je suis clairement n'est pas d'ici. Mais tout ce que je suis obscurément appartient à ce sol. Ma vie est une corde de viole tendue entre deux mondes. Dans l'autre, j'entends sa musique ; dans celui-ci, je sens ses vibrations.
Journal XQuelle que soit la saison de l'année et la direction suivie, avant de sortir de chez moi je sais déjà quelle nourriture les yeux auront en chemin. Neige sur Larouco, rhododendrons couleur de feu à Magueija, châtaigneraies qui dégouttent de châtaignes à Carrazedo de Montenegro. Mais je pars toujours avec la même excitation, et je reviens avec le même éblouissement. Pour le vrai croyant, la messe, qui ne varie jamais, ne se répète jamais. Et ma messe est celle-ci. Une communion intime et quotidienne avec la nature, dans les transes de son agonie perpétuelle, mort et résurrection.
Journal XJe n'ai pas l'habitude. Mais aujourd'hui, comme j'étais amoureux, j'ai fourni le texte et donné la signification. Après avoir montré les recoins de la terre et les larges horizons qui l'entourent, j'ai ajouté : - S. Martinho est un réduit idéal. Une forteresse où je me réfugie deux ou trois fois par an, et où je me sens inexpugnable tous les jours.
Journal XBattage de seigle dans l'aire à côté, qui appartient à la famille, où il y a soixante ans ma Mère a lâché à la hâte la faucille, pour venir à quatre pattes, déjà avec le sac des eaux rompu et crucifiée de douleurs, m'accoucher sous les tuiles. Pendant que j'écoute le bruit sourd des fléaux qui battent les gerbes, je philosophe sur cette naissance lointaine, que la date et le scénario accidentellement reconstitué ont cruellement rappelée. Il semble que ce fut un accouchement facile, et que personne n'a prévu que je sortirais poète. Mais je suis sorti. Et alors les difficultés ont commencé. Tenté par les promesses de l'imagination, bien que la timidité objectât, et poussé par les circonstances, que j'ai longtemps appelées destin, j'ai sauté le risque de la paroisse, j'ai largué les voiles vers l'inconnu, et quand je m'en suis rendu compte, j'étais enchevêtré dans un fourré d'habitudes et de contradictions d'où je n'ai jamais pu sortir.
Journal XDe tous les mythes dont j'ai connaissance, c'est celui d'Antée que j'admire le plus et que je mets le plus souvent à l'épreuve, sans oublier, évidemment, de réduire la taille du géant à l'échelle humaine, et le corps divin de la Terre olympique au sol naturel de Trás-os-Montes. Et il n'y a aucun doute que les résultats obtenus confirment sa véracité. Chaque fois que, sur le point de succomber à la maladie du découragement, je touche une de ces roches, toutes les énergies perdues recommencent à courir dans mes veines. C'est comme si je recevais instantanément une transfusion de sève. (…)
Journal XIChaque fois que je viens par ici, je commence à apercevoir le Marão et le Douro, et je me mets à penser à la mort, ce qui m'attriste le plus c'est de ne pas pouvoir laisser mes yeux à ma fille dans mon testament.
Journal XI1970
Toute la journée au lit à soigner une vraie grippe. La vie du village m'arrive dans la chambre à travers des bruits familiers auxquels je donne immédiatement une signification vraie. Le hennissement du cheval de Zé Ferreiro le reconnaissant de la boutique par ses pas sur le trottoir, la charrette à bœufs de Roberto qui grince chargée de bois de chauffage, les sabots de Gomes qui claquent dans l'aire. La hâte de l'un me dit s'il arrose dans la prairie, si l'orage rôde, s'il y a un incendie. La cloche qui sonne, si c'est la messe, l'enterrement ou la neuvaine. Et tout moi je suis une communion émue avec la trame des vies qui m'entourent. Même ainsi emmuré et fumant de fièvre, à discourir ou à délirer, je ne sais plus bien, je me vois une fois de plus possédé par la révélation de mon unité. L'unité d'un homme que le destin a tenté de déchirer de toutes les manières, mais à qui il suffit de sentir les signes de ce sol primordial pour se retrouver ferme et certain dans la profondeur des racines et naturellement intégré dans le jeu harmonieux des multiples connexions de l'existence grégaire.
Journal XIIL'ancienne école de M. Botelho finalement reconstruite et actualisée. Plus de soleil, plus d'hygiène, moins de grammaire et moins de gifles. Mais il manquait dans la cour autour les mimosas de mon enfance. Et j'ai passé l'après-midi avec le fer et la pelle en main à les planter. Je ne serai pas là pour les voir grandir comme celles d'autrefois. Qu'il en soit ainsi. Mon propos n'était pas de refleurir le passé, mais de fleurir l'avenir.
Journal XIIAux prises avec mes fantômes, qui ne cessent jamais d'être présents à cette date, je continue d'attiser le feu dans la cheminée. C'est mon Père, c'est ma Mère, c'est mon Grand-père… Ils sont assis à mes côtés, silencieux, dans un recueillement létal. Ils sont venus parce que je suis venu, et comme ils m'ont dit il y a longtemps tout ce qu'ils avaient à dire, ils me tiennent simplement compagnie. C'est un souper supplémentaire, consécutif à l'autre, mais silencieux et abstinent, auquel ne participe pas le reste de la famille, qui dort déjà. La nuit est longue, et aucun de nous n'est pressé. Et nous laissons courir les heures sacrées, en attendant la lumière du matin. En elle, ils retourneront discrètement au monde tranquille des morts et je me réveillerai étourdi dans le monde inquiétant des vivants. Jusqu'à ce qu'un autre Noël nous réunisse à nouveau, encore ici, unis par ma mémoire, ou là où je les imagine se souvenant de moi dans l'oubli éternel.
Journal XIIILa maison fouillée par un objectif cinématographique. Cela m'a coûté les yeux de la tête de consentir à la violation, mais la ténacité patiente du réalisateur et un étrange sentiment de fin proche ont vaincu mes scrupules. Que l'intimité d'un homme qui s'est entouré de symboles intimes soit mise à nu par l'image : la balance de mon Père, la quenouille de ma Mère, un drapeau des âmes, un calvaire de pierre, un Jugement Dernier d'argile, un mortier, un coquillage… Il se peut qu'un lecteur futur s'approche ainsi plus sympathiquement de ma mémoire, devant la réalité que je ne lui ai montrée qu'par écrit.
Journal XIIILa maison native. Le retraite sacrée de la mémoire. L'éternité paralysée
Journal XIII1980
La maison native, cerises mûres, nids, fleurs… Mais je n'arrive pas à me trouver dans cette paix maternelle et bucolique. C'est dans l'angoisse du lendemain que je vis déjà aujourd'hui.
Journal XIIIEn élargissant les horizons du monde, avec des besoins de tout ordre auxquels je ne peux plus renoncer, la vie a fait de moi un être ubiquitaire. J'ai ici les racines de support et là-bas loin les pâturages…
Journal XIIIHomme de nombreuses lettres, je ne sais pas si soupçonneux que la flagrance du naturel reste toujours en deçà de la littérature qui le reflète, a voulu voir pour croire. Et il est venu de Paris promener la suspicion cartésienne dans cette réalité âpre que j'ai peinte dans les livres et maintenant je vais mettre à nu sans la médiation des mots. Je crois qu'il revient rendu et qu'il a quelque chose à raconter. La montagne, si celtique, semblait ensorcelée ; le Douro, ébahi aux pieds de S. Leonardo, était un miroir d'éternité ; et le roncão qu'il a bu ne sortira plus jamais de son palais. En cela, personne ne me bat. Quand je reçois quelqu'un ici, je suis un hôte de succès certain. Grâce aux ressources dans lesquelles ce sol est prodigue, mes hôtes partent doublement obsequiés. Je fascine leurs sens et j'enivre leur mémoire.
Journal XIIILa maison paternelle. La matrice sacrée de la famille. Mais je commence à ne plus avoir de mots pour l'émotion que je ressens quand j'y entre. J'avale tout.
Journal XIVChaque fois que je viens, dès que j'entre dans la terre, j'ai l'impression que je change à l'intérieur. J'oublie soudainement tout ce que j'ai appris depuis que j'ai été obligé de courir le monde, et je me souviens en même temps de tout ce que je savais avant. C'est comme si la partie la plus authentique de moi était ici à m'attendre.
Journal XIVVisite de Camilo José Cela, qui est venu au Portugal recevoir un prix. Dans ma ferveur ibérique, je ne sais pas dans quelle mesure je suis fréquemment amené à investir chaque Espagnol singulier que je connais de toute la grandeur authentique de l'Espagne. Ce qui souvent ne manquera pas de déconcerter les contemplés. Il se peut que ce soit ce qui s'est passé aujourd'hui.
Journal XIV Sourdine
Il n'y a pas de muses ici.
Il y a des ombres tutélaires
Auxquelles je vis obligé
Et dévoué,
Et qui m'inspirent aussi.
Mais si silencieusement
Que mon chant
Est toujours comme un psaume murmuré
À un autel.
Si bref et retenu
Pour ne pas perturber
Dans le présent le silence du passé.
Tant de pages et tant de poèmes que j'ai écrits ici, et je meurs dans la conviction que je n'ai rien dit de significatif de ma connexion à la terre où je suis né et d'où je ne suis vraiment jamais sorti. Tout ce que j'ai été loin, n'a servi qu'à enfoncer plus mes racines. (…)
Journal XVJe bourre la malle de la voiture pour la fuite. Pommes de terre, pommes, noix, œufs, perdrix et alheiras. Mais je laisse dehors la mélancolie éparse d'un Noël - déjà manifeste dans le visage cordial de tous et dans le caractère même solennel et gelé du temps - qui ne me suivra pas et restera me faire mal à l'âme comme un remords, car c'est seulement ici que je sais le célébrer. Fermée, la maison est comme un non au passé. Les morts, à l'intérieur, n'auront ni cheminée, ni mémoire.
Journal XVJe dis au revoir à la maison paternelle, au jardin, au negrilho et aux roches. Des seules richesses que j'ai vraiment aimé posséder dans le monde, et dont je suis avare. Que je n'ai pas eu à gagner, mais à mériter.
Journal XVTout l'après-midi à gravir à la surpossession, certainement pour la dernière fois, les montagnes familières surplombant le Douro, et à recevoir dans mes yeux communiants chaque image splendide comme un sacrement.
Journal XVJe vais et viens. Je me perds là-bas et me retrouve ici.
Journal XVLes mythes sont des vérités éternelles. Quand j'arrive ici, je me sens toujours comme un Antée affaibli, touchant la terre encourageante et récupérant des forces. Pas celles du corps, mais celles de l'âme. C'est un goût soudain d'être dans le monde, une joie intime et saine de l'esprit, comme si on me donnait soudainement des raisons de vivre que je n'ai pas loin. Je sais que c'est dans ce sol que je dois être enterré. Mais même cette certitude n'adoucit pas mon exaltation. Dans le dialogue avec mes ancêtres, qui y reposent et que je ressuscite à chaque moment, l'obsession même de la mort que je porte avec moi se transforme en un sentiment inexprimable de pérennité.
Journal XV(…) Nous naissons dans un endroit. Et nous restons toute la vie à regarder le monde depuis le rocher qui nous a d'abord servi de point de vue.
Journal XV1990
(…) Depuis longtemps je sais que je suis l'usufruitier d'un héritage sacré, que je ne mériterai que si je n'oublie jamais que S. Martinho est un berceau où je dois naître toutes les heures et mourir, un jour.
Journal XVIMême en tombant en morceaux, j'ai insisté pour passer par ici. C'est qu'aucune heure de ma vie n'a de signification sans cette référence. S. Martinho est un repère d'orientation et de sécurité que je vois dans toutes les heures de perplexité et d'angoisse et de tous les quadrants du monde.
Journal XVIJ'entre dans la maison paternelle dans le somnambulisme habituel. Depuis que je l'ai quittée pour la première fois, je n'ai plus jamais franchi ses seuils entièrement maître de moi. (…) Le destin a exagéré avec moi. Il a mélangé ma condition. Il m'a planté ici et m'a arraché d'ici. Et jamais plus les racines ne m'ont tenu bien dans aucune terre.
Journal XVI